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30 septembre 2024

[Enthousiasme olympien : ce que Paris 2024 nous a (re)appris de la concertation sur les projets d’infrastructure]

Quand l’inattendu se produit par inadvertance…

 

Comme beaucoup de Franciliennes et de Franciliens, il y a quelques mois de cela, l’équipe de Demopolis Concertation s’interrogeait. Qu’allait-il se passer exactement ? En quoi cela allait-il nous impacter ? Fallait-il fuir la capitale, comme bon nombre de nos connaissances, ou laisser leur chance aux JOP ? Bien qu’une grande partie de notre équipe apprécie et même pratique un ou plusieurs sports, l’appréhension était de mise.

Les jeux olympiques, c’était trop grand. Trop impressionnant. Trop inconnu. Dans le doute, fuyons. Ou pestons sur les impacts qui ne manqueraient pas de nous contraindre. 

Et finalement… Tout le monde s’est pris au(x) jeu(x). L’une d’entre nous a eu la chance d’assister à la cérémonie d’ouverture, d’autres à plusieurs épreuves durant l’été, sur nos écrans le sport jouait sa petite musique de fond durant nos derniers jours de travail et nos premières semaines de vacances… et la période paralympique s’est muée en session de rattrapage pour tous ceux qui n’avaient pu accéder au précieux Graal début août.

 

Et quand a sonné le clap de fin ? On en voulait encore ! Les cérémonies s’éternisaient, les produits souvenirs s’arrachaient (et s’arrachent toujours), les rétrospectives, documentaires et peut-être demain les films réinjectent dans nos veines le précieux élixir des JOP, antidote inattendue à la crise ambiante et à la morosité de la rentrée.

Mais quelle est donc cette drogue qui a mué le pays des râleurs en maison du bonheur ? L’enthousiasme, tout simplement.


… rappelons-nous qu’avec méthode, rien n’est impossible. 


Le mot étant lâché, bon nombre de nos lecteurs vont certainement se dire que cela n’est pas pour eux. Créer de l’enthousiasme autour d’un évènement planétaire qui ne se produit qu’une fois tous les 4 ans, c’est facile… Le faire autour d’un projet éolien, d’un projet agrivoltaïque, ou plus généralement d’infrastructure, c’est impossible. Et pourtant !

De nombreux parallèles existent et méritent d’être soulignés, puisque les JOP comme les projets d’infrastructure relèvent finalement d’un même principe : tous sont des projets de changement pour leur territoire d’accueil. Pour transformer les peurs et doutes initiaux en enthousiasme communicatif, 3 points clefs doivent ainsi guider l’action des porteurs de projet, comme nous l’ont démontré les JOP :

 

  • S’engager sur le terrain de l’émotion : il s’agira certainement ici du saut stylistique le plus ardu, les projets d’infrastructure étant par principe techniques, complexes, portés par des études tout aussi sérieuses que longues… néanmoins nier les émotions et cantonner les relations et communications locales au registre de la raison n’offrira pas le terreau nécessaire à l’épanouissement d’émotions plus positives telles que l’enthousiasme. A titre d’exemple, les JOP n’auraient pas eu la même saveur sans les frissons que nous avons ressentis lors de la cérémonie d’ouverture, les joies partagées avec les athlètes sur la ligne d’arrivée d’une épreuve remportée… et pourtant, la performance (logistique, sportive, etc.) peut également se décompter froidement !

  • Assumer la dimension extra-ordinaire du projet : 3 éoliennes ne sont certes pas 300 épreuves, mais chaque projet de changement est extra-ordinaire pour ses parties prenantes et doit s’accompagner comme tel, sans minimiser sa portée ou ses risques (on se rappellera ici l’anticipation et la forte communication autour des contraintes sur les transports durant les JOP… et finalement le soulagement final lorsque les RER, métros et navettes ont été plébiscités par les visiteurs !).

  • Créer les conditions du passage à l’action : qu’auraient été les JOP sans l’implication sans faille des bénévoles ou encore la ferveur du public ? Nous avons malheureusement l’exemple de l’édition de Tokyo, marquée par l’absence de visiteurs compte tenu de l’épidémie de COVID-19. Dès lors, si l’on ne laisse pas la place à l’engagement et à la participation (par obligation ou par choix), les territoires ne peuvent s’impliquer en faveur d’un projet de changement et concourir à sa réussite.

Par-delà la simplicité apparente de ces points clefs, mis en lumière par une édition olympique exceptionnelle à bien des égards, mener un projet de changement requiert la maîtrise et l’expérience de nombreuses techniques issues des sciences humaines et sociales, sans lesquelles le « changement » ne resterait qu’au stade de l’intention. Certes louable, mais sans efficacité sur les territoires : un tel changement ne saurait se décréter.

Toutefois cette technicité, développée et sans cesse éprouvée au sein de notre équipe depuis de nombreuses années, n’est rien sans l’étincelle initiale qui déclenchera le changement, le coup de folie ou de génie d’un porteur de projet qui, un jour, se dira :

« Et si moi, j’osais changer d’approche et donnais enfin sa chance à l’enthousiasme ? »

Lorette HAFFNER, associée chez Demopolis Concertation (septembre 2024)

Publication à retrouver en ligne : https://www.linkedin.com/pulse/enthousiasme-olympien-ce-que-paris-2024-nous-reappris-ql5ve/?trackingId=FEVA5dmNQkRKz1MhPw1k7A%3D%3D