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11 février 2025

[Concertation et IA : Une alliance pour la démocratie participative]

À l’occasion du Sommet mondial pour l’intelligence artificielle (IA), qui s’est récemment tenu à Paris, la question de l’usage de l’IA dans les politiques publiques a occupé une place centrale. En France, l’IA est de plus en plus présente dans notre quotidien, transformant progressivement divers secteurs d’activité. Parmi les enjeux les plus prometteurs de cette révolution technologique figure la concertation, qu’elle soit volontaire ou réglementaire. En permettant d’automatiser des tâches complexes et d’améliorer l’interaction avec les citoyens, l’IA pourrait constituer un levier précieux pour rendre ces consultations publiques plus efficaces, inclusives et transparentes. Si elle est utilisée de manière judicieuse, elle pourrait également renforcer la prise en compte des préoccupations citoyennes dans les décisions publiques.

 

Une concertation de plus en plus nécessaire

 

 

Les démarches de concertation en France, qu’elles concernent des projets d’aménagement du territoire, des réformes sociales ou des lois environnementales, sont devenues des instruments incontournables pour intégrer les citoyens dans le processus décisionnel. Ces démarches visent à recueillir l’avis des parties prenantes sur des sujets d’importance nationale ou locale. Pourtant, bien que l’objectif soit louable, la gestion de ces consultations demeure souvent laborieuse, coûteuse et chronophage. À cela s’ajoute un défi majeur : la capacité de toucher un public large et diversifié. En dépit des efforts déployés, il reste fréquent de constater une faible mobilisation, particulièrement parmi les jeunes ou les habitants des zones rurales. Les méthodes traditionnelles de concertation risquent ainsi de reproduire des biais, en favorisant des voix déjà bien établies au détriment des plus silencieuses.

Alors que les défis logistiques et participatifs de la concertation se multiplient, l’IA propose des solutions pour dépasser ces limites. Elle ouvre la voie à des consultations plus fluides et plus inclusives, capables de capter un plus grand éventail de voix et de synthétiser plus rapidement les opinions des citoyens. L’IA ne se contente pas de simplifier l’organisation logistique des concertations ; elle permet également de mieux comprendre les préoccupations profondes des participants.

 

L’IA au service de la concertation : comment ça fonctionne ?

 

Les applications de l’IA dans le cadre des concertations sont multiples. Elles peuvent non seulement améliorer l’efficacité des processus, mais aussi enrichir la qualité des retours des citoyens, en offrant des solutions plus adaptées et plus pertinentes.

 

1. Analyse des opinions et des sentiments

 

Le traitement des retours des citoyens, qu’ils soient collectés lors de réunions publiques ou via des plateformes en ligne, est souvent une tâche complexe et chronophage. L’IA, grâce à des outils de traitement du langage naturel (NLP), permet d’analyser de manière automatisée des milliers de commentaires, suggestions et avis des participants. Ces algorithmes sont capables de détecter des sentiments, des préoccupations ou des points de tension qui échapperaient à une lecture humaine, facilitant ainsi l’identification des enjeux majeurs du débat. Par exemple, l’IA

peut repérer les questions récurrentes ou les sujets qui suscitent une forte émotion, ce qui permet aux autorités de mieux comprendre l’état d’esprit général des citoyens.

 

2. Amélioration de l’accessibilité

 

L’un des principaux obstacles à une concertation efficace reste l’accessibilité de l’information et la diversité des publics à atteindre. Ici, l’IA se présente comme un véritable allié. Les chatbots et assistants virtuels permettent d’offrir une assistance en temps réel, répondant aux questions fréquentes et guidant les citoyens à travers le processus. Ces outils contribuent à surmonter les barrières technologiques, mais aussi linguistiques, en offrant des informations claires et accessibles en plusieurs langues. De cette manière, l’IA permet de toucher des publics plus larges et d’assurer une participation plus inclusive.

 

3. Prédiction des comportements de participation

 

L’IA peut également jouer un rôle clé dans la gestion des comportements de participation. En analysant les profils des participants, les outils d’IA permettent de prédire le niveau d’engagement des individus et d’identifier les segments de la population les moins enclins à participer. Cette capacité à segmenter les publics offre l’opportunité de concevoir des stratégies de communication ciblées. Des recommandations personnalisées, que ce soit par email, SMS ou réseaux sociaux, peuvent ainsi être générées pour encourager les citoyens à prendre part aux démarches de concertation, renforçant ainsi leur efficacité.

 

4. Automatisation de l’analyse des données

 

Le traitement des données issues de consultations publiques, souvent volumineuses et hétérogènes, représente un défi considérable. L’IA, en automatisant l’analyse de ces données, permet de dégager rapidement des tendances, des points de consensus ou de divergence. Cela facilite l’identification des priorités des citoyens et permet aux autorités de prendre des décisions éclairées plus rapidement. En outre, ces résultats peuvent être présentés de manière claire et concise, rendant les informations accessibles à tous, y compris à ceux qui ne sont pas experts en matière de politique publique.

 

5. Renforcement de l’inclusivité et de la représentativité

 

Un autre aspect crucial de la concertation est de garantir que toutes les voix soient entendues, notamment celles des groupes souvent sous-représentés. L’IA peut aider à repérer ces populations, qu’il s’agisse de jeunes, de ruraux ou de groupes sociaux précaires. Des outils d’analyse des réseaux sociaux, par exemple, peuvent être utilisés pour suivre les préoccupations des jeunes adultes ou des communautés marginalisées, permettant ainsi d’adapter les démarches de concertation à leurs besoins et de favoriser leur engagement.

 

Le cadre réglementaire et éthique de l’IA dans la concertation

 

L’utilisation de l’IA dans la concertation soulève, cependant, des questions éthiques et réglementaires incontournables. La gestion des données personnelles et la transparence des algorithmes sont des enjeux cruciaux. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD), en particulier, impose des contraintes strictes sur la collecte et l’utilisation des

informations personnelles. L’IA, si elle est mal utilisée, pourrait accentuer les risques de discrimination ou de manipulation de l’opinion publique. Il est donc essentiel que les outils d’IA soient conçus de manière transparente, éthique et équitable.

L’automatisation du processus de concertation ne doit en aucun cas remplacer l’interprétation humaine des résultats. L’IA doit être perçue comme un outil d’enrichissement, et non comme un substitut aux discussions démocratiques. L’objectif ultime est de renforcer la concertation, en lui apportant plus de fluidité, tout en respectant le principe fondamental de participation citoyenne.

 

L’intelligence artificielle : moteur d’une concertation du futur

 

L’IA, lorsqu’elle est déployée de manière réfléchie et éthique, offre une occasion unique de réinventer la concertation publique en France. Loin de se réduire à une simple automatisation des processus, elle permet de rendre ces démarches plus inclusives, plus transparentes et plus réactives aux préoccupations des citoyens. Cependant, l’intégration de l’IA dans la concertation publique devra être menée avec discernement, dans le respect des principes démocratiques et des droits des citoyens. Si ces conditions sont réunies, l’IA pourrait devenir un instrument fondamental pour une gouvernance plus participative et plus respectueuse des attentes citoyennes.

Dans les 5 à 10 prochaines années, l’IA pourrait encore transformer la concertation publique, en permettant des formes encore plus avancées de participation. Par exemple, des systèmes d’IA dotés de capacités de reconnaissance vocale et faciale pourraient faciliter des consultations en temps réel et des échanges plus directs lors de forums publics virtuels, tout en analysant les réactions émotionnelles des participants pour mieux comprendre leurs préoccupations profondes. De plus, l’IA pourrait s’étendre au suivi post-consultation, en identifiant en temps réel si des préoccupations exprimées sont prises en compte dans les décisions publiques, et en alertant les autorités sur les divergences éventuelles. Ces futurs usages de l’IA pourraient rendre la concertation non seulement plus rapide, mais aussi plus réactive et encore plus centrée sur les attentes des citoyens.

 

 

 

Par Demopolis Concertation (février 2025)

 

Publication à retrouver en ligne : https://www.linkedin.com/posts/demopolis-concertation_ia-concertation-activity-7294738091813015552-dpxd?utm_source=share&utm_medium=member_desktop&rcm=ACoAABGjNh0BeR6eJejdSVIOn7bRo5P6Zb9Lql0

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