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08 février 2021

[L’amour dure 3 ans (ou pourquoi l’obsolescence programmée en concertation n’est pas une fatalité)]

Il y a quelques semaines, l’équipe concertation et communication publique de Mazars célébrait les 6 ans d’une démarche menée pour l’un de ses clients portuaires. Alors que cet accompagnement hors norme fait figure à part dans un secteur de plus en plus porté sur des démarches « flash », et puisque le calendrier amoureux s’y prête en cette période de Saint Valentin, interrogeons-nous quant aux secrets et bonnes pratiques d’une démarche de concertation durable et réussie.

En concertation comme en amour, les relations ont-elles nécessairement une date de péremption ?

Secret N°1 : Si l’amour reste l’amour, à chaque âge sa relation

 

Fusion, passion, raison… Les fondements d’un couple de jeunes gens n’ont souvent rien à voir avec ceux d’un couple de 30, 40, 50 ans et plus, et il serait tout aussi puéril qu’inefficace de chercher à reproduire une formule « sorties-voyages-amis » sur un couple parent de 3 enfants en bas âge…

De la même manière, une démarche de concertation continue – ou tout du moins au long cours – verra naturellement ses objectifs évoluer au fil des ans.

Chez notre client portuaire, l’élément déclencheur fut une crise sur fond de risques écologiques, à l’occasion de l’installation d’une cimenterie. Les premiers objectifs étaient donc de sortir de la crise par l’ouverture d’un dialogue jusqu’alors inexistant avec l’ensemble des parties prenantes locales.

Très vite, les enseignements de cette première phase de concertation ont abouti à la définition d’objectifs communs avec les parties prenantes : aménager et développer le port en lien étroit avec son environnement, mieux faire connaître le port… Objectifs s’étant mués en actions elles aussi co-construites et mises en œuvre avec les parties prenantes locales.

Six années plus tard, les étincelles du début ont laissé place à une relation sereine, et les quelques crispations ayant pu surgir au fil de l’eau ont été rapidement traitées grâce à une confiance mutuelle et à une habitude de dialogue et travail en commun.

Le conseil méthodologique : Puisque l’amour reste le ciment d’un couple quel que soit son âge et son parcours de vie, dotez-vous d’un « ciment méthodologique » capable de répondre à vos enjeux par-delà votre besoin initial et d’accompagner votre démarche sur le long terme, pour éviter les « coups de volant » à l’émergence de nouveaux enjeux et garder le cap sur la durée.

Secret N°2 : L’avenir du couple, c’est (souvent) la famille

 

Champions européens du taux de natalité, les Français savent bien que l’avenir du couple, c’est souvent la famille : la formule « 1+1=3 » n’a jamais été aussi vraie !

Si l’on poursuit le parallèle, une démarche de concertation continue réussie verra souvent le groupe initial de parties prenantes s’étoffer au fil des années, pour le plus grand bonheur de tous et l’enrichissement des projets co-construits… au risque sinon que le premier groupe ne perde en enthousiasme, en membres et que la démarche ne s’essouffle.

Dans l’exemple portuaire évoqué, la démarche de concertation continue s’est instaurée autour d’un groupe dont les contours ont été dessinés tant par la crise initiale que par les premiers objectifs et plans d’actions : associations environnementales et collectivités étaient ainsi les premiers membres de ce « club des 30 », dont les travaux parfois très techniques (schéma d’aménagement) entrepris ensemble répondaient aux aspirations et compétences des uns et des autres.

Par effet boule de neige (c’est de saison) comme du fait de l’ouverture à de nouveaux sujets de travail plus accessibles – nous pensons notamment à la célébration du centenaire du port, dont l’événement fut co-organisé par de nombreuses associations – ce « club des 30 » s’est progressivement élargi jusqu’à composer une famille hétéroclite de plus de 200 membres, dont des entreprises, des associations sportives et culturelles, des riverains, des publics plus jeunes… Et les envies d’ouverture sont toujours aussi fortes !

Le conseil méthodologique : Pour équilibrer l’équation « 1+1=3 » au profit de toute la famille (et ne pas oublier que vous étiez un couple avant d’être des parents ?), élargissez les membres de la concertation progressivement autour d’un socle de valeurs et d’objectifs communs, partagés par votre premier cercle d’alliés et vous. Même si les cousinades sont un melting pot joyeux et enthousiasmant, ne vous éparpillez pas inutilement en acteurs et sujets nouveaux, sous peine d’y perdre votre cap et vos alliés historiques, qui pourraient ne plus y trouver leur compte.

Secret N°3 : Le désir est un fondement puissant qui s’entretient !

 

Qu’est-ce qu’une histoire d’amour finalement, si ce n’est… une histoire, avant tout ? Quelque chose qui se vit et se raconte, avec un début, un milieu et une fin, des zones de turbulences et des calmes plats, des péripéties et leurs résolutions ?

En couple comme en concertation, la durée d’une histoire commune n’est conditionnée que par un seul facteur : le désir. Et si l’on part du postulat qu’un couple, comme une démarche de concertation, est avant tout une histoire, tournons-nous vers les concepts qui régissent le pacte littéraire liant un écrivain à son lecteur, un narrateur à son destinataire.

Pour maintenir chez le lecteur l’envie de dévorer les pages jusqu’à la dernière, il faudra composer le récit en épisodes. Cela rendra la progression de l’histoire plus lisible, maintiendra un rythme entre les temps forts de l’intrigue, mais aussi distillera efficacement le suspens… et donc le désir.

Cela vaut bien évidemment en concertation ! Concevoir un plan de concertation et de communication pour une démarche au long cours, c’est penser en épisodes (avec un début, un milieu et une fin), donner un rythme mais aussi donner envie d’aller plus loin, en prenant le temps de valoriser chaque avancée collective pour se féliciter du chemin parcouru jusqu’ici… et glisser quelques indices pour attiser le désir de vivre ensemble un prochain chapitre prometteur !

Le conseil méthodologique : Pour éviter le désamour et l’essoufflement, inspirez-vous de la trame du récit pour faire de votre démarche de concertation continue une histoire palpitante, qui se poursuit sans se répéter et embarquera vos parties prenantes dans une véritable aventure humaine et enthousiasmante.

En concertation comme en amour, les relations ont-elles nécessairement une date de péremption ? Si la question relevait de la boutade dans le premier cas, celle-ci est loin d’être rhétorique dans le second.

Pour peu que l’on se donne la peine d’en accepter les évolutions naturelles, d’en accompagner les augmentations numériques et d’en rythmer les temporalités, les démarches de concertation et de communication publique n’ont pas nécessairement de date de péremption.

Avec un brin de méthodologie et pas mal de désir, chaque porteur de projet peut proposer une démarche qui défie les années et lui permette d’écrire, selon la formule consacrée et en épilogue de son bilan : « Et ils concertèrent heureux jusqu’à la fin des temps. ».

« Il n’y a que du désir et du social, et rien d’autre. », Gilles Deleuze

Lorette HAFFNER, associée chez Demopolis Concertation (février 2021)

 

Publication à retrouver en ligne : https://www.linkedin.com/pulse/lamour-dure-3-ans-ou-pourquoi-lobsolescence-en-nest-pas-haffner/